vendredi, janvier 05, 2007

Pour un monde meilleur (8)

La nuit est d’encre pâle, transparente et douce de ses odeurs subtiles qui nous transpercent jusqu’à des mémoires enfouies.
Pour un peu, on se sentirait heureux, dans cette atmosphère étrangement calme et apaisante. Comme si.
On est en période de fêtes
L’absence est partout.

Lumières clignotent seules dans le vide du sommeil des braves. Les braves cons.
Myriam enfonce les écouteurs de son Ipod dans ses oreilles, mais ne se résout pas encore à appuyer sur play. La douleur intervient sur le réel. Les sens sont interrompus. Elle a mal en son bas ventre qu’elle sait souillé à jamais, qui ne pourra recevoir aucune semence. Parce qu’elle en est indigne. Elle est indigne de tout.
Aucun vertige, aucune animalité, aucun espoir de n’avoir pas tout foiré ne lui sera plus jamais permis.
Pourtant elle ne peut s’empêcher de sentir cette nuit d’opale. D’y trouver un quelconque réconfort, d’oublier pour quelques secondes la peur qu’elle ressent à chaque fois qu’elle se retrouve ainsi seule dans les rues, la nuit. Une femme. Une proie.

Paris est évidemment moins hostile que la banlieue, enfin surtout la nuit. Mais une femme aura toujours le privilège d’être une faible créature en regard de l’agressivité naturellement masculine.

Elle marche et cela commence, sous l’effet du petit cachet, et par quelque sortilège humain : la brûlure laisse place à la jouissance dégueulasse. Son sexe irradie dans tout son corps et son cerveau. Elle marche et stimule la blessure, avance et s’emplit de désirs plus sales encore. Son corps n’est qu’une pierre frottée contre le sol à en saigner.
Revoit les images, un homme à la belle allure pourtant. Elle pourrait presque imaginer avoir du désir pour lui.
Marche encore.
Elle est fatiguée. Bientôt rejoindra la petite et froide couche, dans la mort de la nuit d’opale qui laissera la place à un jour terne et impossible, qu’elle n’aura d’autre choix de fuir, dans le sommeil, dans les substances, dans le dégoût.

M.G

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