mardi, janvier 09, 2007

Pour un monde meilleur (9)

« …tolérance et impuissance sont synonymes. »
Cioran, Histoire et utopie.


Il est des éternités plus difficiles que d’autres à conquérir.

C’est à Miami que les choses se nouent.Jadis lieu du kitch angélique transposé, grâce à un mythique feuilleton, ici la vie reprend, de l’autre côté de l’Atlantique, là où les gens ont oublié d’être intelligents. Là où les gens ont décidé de vous rire au nez
Regarder l’azur enchanteur d’une mer qui plus que tout au monde nous rassemble car c’est là que ça a commencé. Dans ce lieu à l’ultime beauté.
C’est les années 90.
C’est un été.
Trois jeunes se retrouvent sur la plage. Ils découvrent un lieu au pouvoir de séduction inattendu. Ils découvrent un lieu qui regroupe tous les fantasmes dont ils ont pu se nourrir jusque là.
Ils arrivent de nuit dans une voiture de location beaucoup trop grande et sont immédiatement happés par l’arrogance magnifique des néons qui partout semblent former l’espace et lui donner un sens.
Art déco, c’est ainsi que le quartier se nomme, le style aussi, paraît-il.
Ils viennent à peine d’atterrir en cette terre sauvage et déroutante que déjà ils pénètrent la presqu’île par le sud, par cette avenue qui est un monde.

Hors de l’habitacle c’est une chaleur de l’autre monde, qui vous inspire au sens propre du terme. Ici, ce ne sont pas les hommes qui respirent l’étouffante humidité, ici c’est l’étouffante humidité qui respire les hommes.
L’impression de coller au temps, soudain enfin d’avoir découvert un lieu qui existe vraiment, au moment où ils y sont. Entourés de peu de véhicules, ils continuent l’envoûtante incorporation de Collins Avenue à leur être, seule avenue possible, seul instant possible. Et les néons, rose, bleus, parme clignotent partout autour. Regarder cela et s’en souvenir toute sa vie. Des lumières qui n’éclairent pas. Des lumières qui explosent et génèrent de l’imposante humanité. De la volonté humaine de dire : regardez. Regardez et n’oubliez pas.
N’oubliez jamais.
La stupéfiante beauté.
Pénètrent dans Collins.
Pénètrent et les néons partout l’envisagent, la découvrent dans l’humidité dont ils se coupent à chaque fois qu’il faut parcourir d’un sens à l’autre le décor magnifique que le sort a placé sur leur chemin.
Dans la chambre aux deux grands lits les garçons roulent un pétard. Son cœur se serre, le moment est arrivé bien vite. Bien vite elle a été trahie. Bien vite l’espoir se transforme en cauchemar, mais ici c’est autre chose, pourquoi ne pas libérer les inhibitions, laisser fuir.

Lâcher enfin.

Qu’a-t-elle a y perdre ?


Ici c’est l’Amérique. Ici c’est l’Autre Monde. Ici l’écran ne se traverse pas, il est partout, il t’a fait fondre et tu es gélatine.
Tu trempes.

M.G

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