mercredi, décembre 27, 2006

maigres fêtes















hard to tell or recognise a sign
to see me through a warning sign

first the thunder satisfied,
if the past it will not lie
then the storm torn asunder
the future you and I get blown away
in the storm in a lifetime
and as the rain it falls begin again,
as the storm breaks through heavy in my heart
believe the light in you
so the light shines in you without color,
faded and worn torn asunder in the storm

unless the sound has faded from your soul
unless it disappears

first the thunder selfish storm
then the storm hold on the inside
torn asunder one life in the storm
in a lifetime in a lifetime

lundi, décembre 11, 2006

Pour un monde meilleur (7)

Le débat s’enlise, enferme ceux qui cherchent une issue.
Elle sent bien qu’elle est à deux doigts de perdre le contrôle, de se lâcher : de se révéler.
Les échanges par mail avaient cet avantage au moins de donner le sentiment de pouvoir être parfaitement honnête, enfin si l’on oublie le décalage qu’impose l’écrit.
En tout cas dans ces échanges, elle pouvait choisir de dire ou de taire certains aspects, certaines vérités, et parfois certains mensonges aussi. Après quelques années, elle avait appris à se maîtriser. Elle s’était imposé quelques règles simples, comme ne jamais répondre tout de suite à un mail. Ne pas laisser l’affectif réagir, surtout dans un médium qui utilise l’écrit.
Alors, malgré la peur d’être localisée, elle avait réussi à apprécier la liberté de l’anonymat ou simplement de la non présence.
En live, c’est différent. Il faut se confronter au visage, à l’autre et à soi, dans ce qu’il nous reste de plus humain : la possibilité de se trahir. Rougir, déraper, lâcher une information que l’on s’est juré de taire.
Sans doute est-ce le plus douloureux. L’impossibilité de la confiance. Après avoir perdu ses amis un par un car la haine ancrée dans leur histoire était plus forte que l’affection pourtant réelle qu’ils avaient su jadis lui porter, elle se retrouvait au milieu de personnes dont elle partageait à priori les idées sans pour autant être sûre de leur bienveillance, et pire encore de leur réelle implication dans tout cela.
Il s’agissait de survie. Au sens le plus strict du terme. Il n’y avait pas de retour possible. Pour vivre il fallait désormais pouvoir exister. Justement parce que l’on avait cru avoir dépassé l’horreur, l’avait-on faite impossible. Elle était encore partout présente, mais il y avait comme une erreur dans l’équation. A l’ère de la technologie, du partage licite ou illicite des données. A l’heure où l’on avait consommé la mort des croyances et idéologies, on avait cru un instant pouvoir se penser égaux. Alors quel était ce destin stupide et commandité par la stupidité ?
Comment se pouvait-il que l’on soit disqualifié d’avance pour ce que l’on était ?
Survivre, exister, cela signifiait croire en ce non retour.
Alors qu’au fond d’elle, et de la plupart de ceux qui sont réunis autour de cette table en mélaminé, le retour est inéluctable.
Chacun le voit pour lui, ou pour l’autre, selon que ça l’arrange. Mais s’ils sont réunis ici, s’ils ont décidé un temps de quitter leur confort éternel, c’est sans doute parce qu’ils étouffent de ne plus pouvoir vivre.

Mais sont-ils tous de vrais « viveurs » ?
Comment être sûr qu’il n’y a pas des entrants, des sous-marins venus espionner cette simple entreprise de survie ? comment se confier tout à fait à ceux que l’on ne connaît pas vraiment, à qui l’on a simplement posé quelques questions par mail pour être sûr que l’on est dans le même camp ?
Comment également continuer à les avoir près de soi, ne pas les décourager. Encore il faut se modérer. Toujours se contenir. Souffrir en silence de l’étrange situation de ceux qui ont traversé l’écran. Car il serait pire que tout de se savoir vraiment seule. A cela elle ne veut pas se résoudre, elle ne veut pas croire qu’ils puissent n’être qu’une poignée. Alors elle retient ses mots, elle surveille les regards et les réactions en espérant secrètement qu’ils vont répondre de la manière dont elle aimerait qu’ils le fassent. Elle les observe et prononce intérieurement les mots à leur place. Elle attend de savoir, elle écoute les paroles versées inutilement dans l’espace ouaté, avec la douleur contenue de celle qui résorbe sa lucidité pour quémander un peu de tendresse. Non au fond, c’est l’inverse. Elle est tellement lucide qu’elle sait qu’il faut tout maîtriser pour ne pas se voir confronté à la réalité.
Pour ne pas mourir de douleur.

M.G

lundi, décembre 04, 2006

Pour un monde meilleur (6)

- A partir du moment où ça s’est mis à péter de partout, je crois que je me suis retrouvée dans le connu. Un peu comme le onze septembre vous voyez. Non vous n’avez pas l’air.
Moi, je n’ai pas été surprise le onze septembre. Enfin pas tant que ça. Moi ce qui m’a plutôt surprise c’est que ça n’arrive pas tous les jours ce genre de chose. D’aussi loin que je me souvienne, j’ai toujours vécu avec la crainte, et en particulier la crainte des attentats. Sans doute était-ce une crainte irraisonnée. La Peur.
La peur de tout. Aussi bien de prendre le train, que l’avion, que de se retrouver dans un édifice religieux que dans un grand magasin. Ce genre de peur quoi. Un espèce de sentiment exacerbé du danger de la vie. Ça remonte à l’enfance sans doute. Je percevais les faits divers comme possibles. Je les prenais en moi, et ils m’empêchaient un peu de vivre. Un peu seulement, sinon je serais devenue folle sans doute.
En tout cas tout cela me semblait faire partie de la vie, alors que j’avais bien conscience que les autres ne réagissaient pas comme moi pour autant.
Elle regarde autour d’elle. La lumière blafarde de la salle. Ce côté suspendu dans le temps, de ces locaux qui ont toujours su se passer d’architecte. Quelle importance après tout ?
Elle est tentée de laisser son regard passer de l’un à l’autre à ce moment, les observer, les sonder pour tenter de savoir ce qu’ils pensent vraiment. Mais non, elle ne veut pas perdre la parole, et ne doit pas se laisser distraire par le doute. Il suffit de ne pas trop lâcher, voilà tout.

- Enfin, je pourrais même dire que j’ai ressenti, non pas une satisfaction, mais comme l’envie de leur dire, vous voyez ? Mais je savais que c’était peine perdue. Je savais qu’au fond, ils préféraient largement être virtuellement épargnés du fait d’une politique lâche, consensuelle, et digne des plus pourris dirigeants de la planète. A peine s’étaient-ils mis à craindre un peu pour leur vie lorsqu’ils prenaient l’avion. Mais cela faisait partie du jeu peut-être. Je n’en sais rien. Enfin bref, le fait est que comme à Madrid, et encore plus ici, dans ce pays à l’âme vaguement collabo, on a remis la faute sur le « nouveau ». Un dirigeant qui dit les choses, ça dérange. Surtout à l’ère du confort. Et là encore, je n’en suis pas sûre. Je dis cela, car c’était mon métier à moi de donner du confort, de ce confort anesthésiant pour tous, enfin pour des privilégiés c’est sûr, mais pas seulement. Le confort c’était notre credo, à un tel point que j’ai fini par me sentir coupable. Enfin je m’égare.
C’était donc la faute du petit, si les attentats à nouveau touchaient la France. Comme si des attentats on en avait pas déjà dans nos banlieues et tous les jours. Il suffisait ensuite d’attendre le mot d’ordre la permission, mais tout était déjà organisé. S’il y a bien une chose que je peux reconnaître à ces incultes arriérés, c’est qu’ils ont réussi à percer toutes nos failles, et sont parvenus à se faire aider de tous nos idiots utiles. Et ça, c’est leur grande force.
Donc ça a recommencé dans le beau pays des droits de l’homme. Et en plus, on a commencé à voir la limite de notre système de charges sociales, du travail au noir, de petits patrons débordés gagnant le smic mais rêvant malgré tout d’avoir leur part du gâteau du confort, nos constructions ont commencé à présenter des malfaçons graves. Cela faisait quelques temps déjà, que je me disais qu’un jour, ça nous tomberait sur la gueule. Quand je voyais ce qui se passait sur les chantiers.
Enfin voilà, le paysage a commencé à ressembler à la réalité, telle que moi je la voyais vraiment. Les immeubles éventrés, les rues jonchées de gravas, les véhicules calcinés qu’on laisse des jours durant exposés à la vue des média étrangers, je n’ai d’ailleurs jamais compris pourquoi. C’était pas Beyrouth, encore que Beyrouth n’a jamais vraiment ressemblé à ce qu’on nous en montrait d’ici.
Non, c’était la France un pays déjà vieux, déjà un peu sale, et qui commençais à croupir sous ses débris.

M.G