lundi, mai 14, 2007

Pour un monde meilleur ? (24)

Tel un œdème qui s’étend dans sa gorge remplaçant le souffle naturel par une abondance d’air inquiète mais délicieuse, l’absence s’empare d’elle.
Présence lointaine, effacée mais efficace.

Qu’aimerait-elle vraiment prendre de cet autre ? Elle n’en a aucune idée.
Se surprend simplement à découvrir qu’une angoisse sourde et douloureuse peut se révéler agréable, parce qu’elle vous emplit jusqu’à vous anesthésier. Parce qu’elle a la certitude qu’où qu’il soit à cet instant précis, il pense à elle.
Comment peut-elle en être sûre ?

Là est l’étrange… après la lucide hypothèse concluant à une erreur d’appréciation, à la pauvre vieille femme qui se croit encore jeune et imagine que des gamins trentenaires peuvent encore la voir (qui sait si elle les désirerait d’ailleurs ?), elle est soudain convaincue d’une ligne de transcendance qui les rejoint, dans plus qu’une attirance, plus qu’une cause, plus qu’il n’est possible de le dire. Ce qu’elle a en elle, cette tâche d’encre sympathique qui l’envahit depuis l’œsophage jusqu’aux poumons n’est sans doute que de petits éclats de cendres qu’il envoie à son intention, qu’il contient longtemps, puis lâche lorsqu’il ne parvient pas à avancer sans lui réserver une petite pensée, qui bloque et inonde sa gorge à lui, avant d’exploser en cette infinitésimale attention qu’il lui porte peut-être.

Qui est-il ?

N’est-il pas simplement le signe que l’existence n’est pas toujours aussi sereine qu’elle en a l’air. Que même lorsque certaines conditions idéales semblent réunies, certaines anicroches peuvent entamer de manière irréversible le long chemin qui nous mène à la déchéance que l’on croit inévitable et donc acceptable…
N’est-il pas pure invention du sort, destinée à la pousser vers un vide qui pourrait en libérer d’autres ?

Non arrête. Tu ne fais que te chercher des excuses. T’as juste envie de te payer quelques dernières heures de plaisir, rattraper ce temps qui n’existe que dans les fictions que l’on invente ou que l’on lit. Cette jeunesse qui n’a de délicieuse que le faible nombre de ses années.
Arrête.

Et puis, s’il pensait vraiment à toi, il serait là ce soir, dans cette usine abandonnée. Il t’aurait appelée. Vous vous seriez donné rendez-vous. Ç’aurait été si simple. Peut-être romantique ou carrément torride. Peu importe. Vous vous seriez croisés ailleurs que dans ces sphères étranges d’un monde sur le point de finir…

M.G

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