dimanche, mai 30, 2010

Another Galaxy (5)

Nous sommes le produit de l’indicible. Etrange comme il est étrange d’être né de la mort mise en théorie puis en pratique. Etrange d’avoir ensuite vécu dans ce sentiment d’amour, dans cette croyance d’un monde meilleur, qui prouve d’ailleurs que l’histoire ne peut sans doute jamais s’analyser trop vite. Nous avons été aimés. Nous avons été choyés. Nos parents sont les enfants du luxe et du confort qu’ils ont acquis après des années de malheur. Nous avons construit un monde d’illusions parfaites. Notre monde a réduit notre réalité à ce désir sans cesse renouvelé qui est comme notre carburant. La culture s’est évaporée, comme si n’était plus nécessaire à notre existence. Cette idée a quitté les bancs des écoles pour d’autres notions plus séduisantes et tellement moins exigeantes. On parlera d’épanouissement personnel, d’ouverture au monde etc…
Nous avons toujours été des êtres de malheur, plongés dans un monde cruel, un monde trop dur pour nous, mais on nous a fait croire que ce monde était le meilleur des mondes.
Nous sommes nés d’un tas de cendres. Nous familles, nos âmes, nos essences profondes ont été anéanties sans qu’il ne nous soit possible de comprendre pourquoi. Plus nous avançons, plus nous nous interrogeons pour tenter de comprendre cette chose tellement incroyable qu’on finit par en douter. Il y a comme un destin, comme une page qui se tourne puis revient toujours en arrière car il est impossible d’avancer. Je vous propose aujourd’hui à tous d’avancer. De déjouer les plans des imbéciles et des malfaisants. D’aller contre ce destin, contre cette page qui toujours revient au même point comme si elle ne voulait pas s’écrire.

Pour avancer, il vous faudra tuer.

Le silence se fait profond dans la salle immense. Chaque âme réalise soudain que ce qu’elle savait est en train de prendre forme ici. Chaque personne ici présente comprend enfin que parce que nous ne sommes que les jouets de l’histoire qui se fait sans nous sa vie désormais a changé. Son monde, son contexte, ses buts, ce pour quoi on s’est jusque là toujours levé le matin, tout cela est terminé. Désormais, nous allons être des soldats d’une juste cause. Des soldats qui vont expérimenter quelque chose.
Dans ce monde du confort éternel, tout cela est trop difficile à croire.
Chaque jour on pense que ce n’est qu’un rêve, un mauvais rêve et qu’on va vite retourner à ses futiles préoccupations. On va retourner au supermarché ou au centre commercial. Mais petit à petit on réalise que tout cela est fini, terminé. Petit à petit on entre à l’intérieur de l’écran, du décor qui se retourne et s’efface à mesure que l’on avance. Tout cela, nos petites vies réglées, nos maisons, petites ou grandes s’effacent pour laisser la place à un vide éblouissant. Blanc virginal de cet envers qui s’offre à nous. Si l’on remet des lunettes pour ne pas être ébloui trop longtemps, les choses redeviennent normales. Les étals des supermarchés se remplissent à nouveau. Encore on boit des verres avec des amis, jusqu’à se rouler par terre ou prendre le volant ivre et risquer de tuer des innocents. Les écoles à nouveau raisonnent des rires de ces enfants à qui l’on n’apprend plus rien d’autre qu’à être eux-mêmes, comme si la nature humaine était instinctivement bonne. Les hommes dans les transports en commun, vêtus de leur costume cravate retournent faire marcher le système.
Les marchés, tout ça l’argent. Toutes ces choses incompréhensibles qui nous font vivre… tout cela continue de fonctionner, virtuellement, ou non, avec quelques accidents par ci par là, les choses avancent, le tapis du décor continue de dérouler ses motifs, tandis que derrière tout s’efface et éblouit davantage celui qui n’est pas du bon côté.

Il va nous falloir tuer…

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