jeudi, septembre 04, 2008

Another galaxy (2)

Le jour se lève.
Il ne fait plus nuit.
C’est un moment merveilleux qui signifie que le temps a passé sans trop créer de troubles.
L’horizon se devine un peu, après la ville que l’on domine de la grande baie.
Ce ne sera pas une belle journée, au sens où on l’entend souvent. Une brume grisâtre, semble bien décidée à se répandre un peu partout, à moins qu’il ne s’agisse simplement de ce moment où les ombres vespérales laissent place. Qui sait ?
Peut-être aura-t-on du soleil.

Ce n’est pas très important c’est sûr. La pollution répandra sa lourdeur enchanteresse quoi qu’il en soit et puis, de toute façon, il est probable qu’ils ne sortiront pas.

Sur la table reposent trois tasses, et un pot de café froid, ainsi qu’un cendrier qui n’est pas aussi plein qu’on pourrait l’imaginer, simplement à cause des kilomètres qu’il faut parfois faire pour se procurer des cigarettes.
L’odeur est malgré tout là lorsqu’elle pénètre dans le salon et elle se souvient, et elle regrette cette époque bénie des nuits passées à parler et à fumer dans l’insouciance de ses vingt ans. Avec un avenir et une géographie qu’elle croyait liés et assurés.

Elle avance et observe l’aube. Cela produit toujours un effet bizarre sur les gens. Il est toujours trop tôt pour se lever. Trop tôt pour se quitter. Trop tôt pour mourir.
D’autant plus étrange qu’au fond de soi on a toujours vingt ans, ou moins. L’époque où l’on pouvait parler et fumer sans fin est encore inscrite en elle. Elle relève ses cheveux et les noue en une queue de cheval éphémère qui se défait aussitôt et les cheveux retombent en une masse épaisse et lourde, à l’image de ce qu’elle imagine de son visage en ce matin, après cette nuit trop courte.
Elle ramasse la cafetière. Et les tasses et se dirige vers le coin cuisine, derrière le bar. Pose le tout dans l’évier puis retourne chercher le cendrier en regardant la ville au loin. Ce qu’ils ont perdu, ce qu’ils ont enfin perdu à jamais.
Au moment où elle ouvre la poubelle pour y vider le contenu du cendrier elle se ravise en apercevant un mégot qui est en réalité une cigarette presque entière. Elle sourit à ce qui lui passe par la tête.
Non bien sûr, ce ne serait pas raisonnable.

Mais à quoi bon être raisonnable, pour quoi faire enfin ?

Elle souffle un peu sur le mégot puis le malaxe légèrement afin de le redresser avant de repartir dans le salon et de prendre le briquet sur la table basse en plexi.
Elle se l’allume.
N’avale pas la première bouffée comme on lui a appris jadis qu’il était préférable de le faire puis aspire à nouveau et sent enfin la violence qui lui claque dans la gorge à ce moment précis où le monde se décompose. Une partie du monde qui explose.
Satisfaite, elle retourne dans la cuisine, puis en revient avec le cendrier encore sale des cendres de la veille, le pose sur la table. Elle referme son peignoir puis s’installe les genoux pliés sur le canapé orange.

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