vendredi, août 03, 2007

Pour un monde meilleur ? (32)

Dans certains romans, et même dans certains films l’arme scintille dans le noir. Ici, elle pèse simplement. Semble n’exister que par ce poids qui n’est pas vraiment un fardeau, plutôt comme un aimant que tout semble destiner à rejoindre. Posséder contre soi un point central vers lequel l’humanité converge. L’arme est Le Trou Noir.
Il avance et sent sa présence de plus en plus incontournable, l’œuvre est dans sa poche, elle se colle à lui, entaille ses cuisses de toute son évidence, de cette lourdeur du moment, du point d’achoppement.
Cela fait plusieurs soirs maintenant qu’il s’amuse ainsi à marcher dans Paris avec le gun dans la poche. Il se fait peur, il se teste et surtout il tente d’exister.
Deux choix pour vivre : aimer ou se préparer à tuer.

Il marche donc dans les quartiers de sa jeunesse avec un objet que rien ne le prédestinait à porter, à sentir contre lui, comme élément de jouissance autant que le fait de sentir cette vieille vigueur l’investir à nouveau…

***

Tout s’emballe dans l’esprit de Martha. Elle cherche, elle cherche une issue. Il lui faut une solution. Soudain cela devient très clair, les choses ont un sens. Les cellules vont servir au combat et non pas à la fuite. Peu importe ce qu’en diront les autres. De toute façon on n’a jamais le droit d’abandonner ainsi. Avec un instrument tel que celui-ci, ils auront leurs chances.
Le métal est de composition tout à fait ordinaire, mais grâce à la courbure très particulière qu’ils ont su lui donner, la cellule peut éviter l’impact de la plupart des balles. Elle peut aussi se fondre dans la nature et passer presque inaperçue.
La cellule est évidemment la solution. Elle va appeler Yohan et lui en parler. Ce sera si simple. Ainsi, ils seront ensemble, ils oeuvreront ensemble à la survie de l’humanité. De leur humanité.

***

Myriam regarde le ciel. De la fenêtre étroite qui éclaire son séjour elle contemple l’infini depuis un long moment.
Oublie de respirer en souhaitant simplement que le ciel l’entraîne à lui, qu’il l’aspire et la dissolve un peu partout, elle pénètrerait la vie des gens sans plus jamais peser, n’être que particule, légère, inodore et indolore…

***

L’heure avance et les minutes ne sont pas douces… chacun de nos protagonistes sent monter en lui l’urgence.
Chacun a sa mesure.
Son étalon de malheur ou d’angoisse.

Yohan s’apprête à ôter la vie, et il craint d’aimer cela.
Myriam s’attend à ne pas avoir ses règles, et elle espère du plus profond de ses entrailles qu’il en sera ainsi.
Martha se prépare à plonger dans la félicité pour quelques heures de jeunesse retrouvée auxquelles succéderont des heures plus longues encore de remords…
Elle n’a jamais cru en dieu mais s’interroge sur la consistance du péché. Il y aurait comme une incidence sur la progéniture, partager le lieu duquel est né la vie, l’offrir à un autre…

M.G

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