lundi, juin 18, 2007

Pour un monde meilleur ? (28)


Yohan était malheureusement pour elle dévoué à des tâches autrement plus pragmatiques et précises. Sans doute une des raisons pour lesquelles il ne l’avait pas recontactée était qu’en plus de son emploi du temps très serré et de la nécessité de discrétion entourant l’acte qu’il préparait, il ne voulait pas l’impliquer malgré elle à ce qui représentait quoiqu’on en dise, il en avait plus que conscience un meurtre.
Il pense à sa mère.
Chaque jour, chaque instant il pense à elle. C’est interdit pourtant. Mais s’il ne pense pas à elle, il sait que l’autre femme viendra le distraire, et cela est impossible. Alors il pense à sa mère et tente de se convaincre qu’elle approuverait d’une certaine manière.
Cela fait des années maintenant qu’il a compris qu’ôter la vie était malheureusement parfois une nécessité, une obligation même. Mais au moment de le faire, il semble qu’une choses épouvantable fasse son apparition.
Soudain, cette chose qui grossit dans son ventre, ce malaise chaque jour plus important, envie de gerber continuellement, à n’en plus pouvoir boire et fumer, cette chose qui semble vouloir se nommer conscience tente de le détourner de ce qui pourtant s’impose de plus en plus à lui comme un impératif incontournable.
Il faut détruire le mal à sa source sans plus jamais chercher à l’expliquer, à lui trouver des raisons, il faut l’éliminer. L’éliminer cela signifie faire des dommages collatéraux, cela signifie ôter la vie à ceux qui veulent vous détruire, même si parfois on perd pied, on ne sait plus vraiment si on a raison ou tort, si un relativisme absolument rongeur s’empare de vous…

Je vais avoir trente cinq ans.
Je n’ai presque rien construit. Publié trois livres, donné des cours de ci de là… rencontré une femme, il y a dix ans…
Tous mes amis sont partis, enfin ceux à qui il restait un peu d’intelligence. Moi je suis resté, par une lâcheté imbécile déguisée en bravoure, en combat. J’ai décidé de croire en mon pays ou au moins de l’aimer. J’ai décidé de me donner une chance sans doute. Ou peut-être ne voulais-je simplement pas m’éloigner d’Elodie…

Sa mère lui a toujours raconté que son grand-père disait qu’Hiroshima avait permis d’éviter la mort de millions de personnes. Comment choisit-on ceux que l’on va éliminer afin de sauver les autres, ceux qui suivent… ?

Là n’est vraisemblablement pas la question. Quelque part ceux qu’il s’apprête à détruire méritent de mourir. Mais, enfin, n’a-t-il pas toujours été contre la peine de mort ?
Comment est-il possible qu’à présent il se prépare à tuer.
Pourquoi se sent-il soudain si seul ? Lui qui n’a jamais pensé à ce genre de choses auparavant… soudain la vie semble achopper…

Tuer et puis ensuite plus rien…


M.G

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