lundi, octobre 16, 2006

Il s’agissait de ne pas mourir, pour pouvoir jouir encore.
Jouir plus que d’ordinaire car la mort était proche, son odeur enveloppante s’insinuait dans chaque parcelle de liberté qu’ils avaient abandonnée.
Ce besoin devenait physique, comme la peur de manquer, de ne plus jamais sentir, sentir avec ce peu d’humain qu’il nous restait.
Sans doute avions-nous cru que c’était mal. Par notre éducation d’un autre âge se transmettaient des frustrations ou des blocages, sans doute, mais cela n’avait pas d’importance, peut-être était-ce cela la morale, nous en avions eu besoin.
Mais aujourd’hui que c’étaient eux qui voulaient nous l’interdire, il nous fallait en prendre le droit, et le devoir. Notre devoir d’adultes dans un monde habité par des enfants, de tailles diverses sous l’emprise d’une seule parole aux nombreux visages.
Il fallait aussi en finir avec l’optimisme de nos petits soldats zélés. Non rien ne changerait. Tout était en train de pourrir sur place. Et si elle avait cru un jour vouloir ou pouvoir mourir pour une cause, ce jour était passé, d’autres envies lui étaient venues depuis. D’autres nécessités. Comme celle de les laisser découvrir par eux-mêmes, ce qu’ils avaient sans le savoir appelé de leur vœux. Il restait une crainte toutefois, l’Histoire repassait non seulement les plats, mais elle avait cette nouvelle manie, elle voulait effacer les précédents. En effaçant l’Histoire ou en la soustrayant au jugement, on ôtait à tous ses spectateurs, puis à leurs descendants toute lucidité, à moins qu’il n’existât une lucidité immanente, chez certains qui seraient comme des guides, sortes de Néo, dans la Matrice faite monde. Rien n’était moins sûr.
Pour l’heure, on préparait sagement leur aveuglement futur, noyé dans ce confort qu’ils pensaient éternel et indestructible. C’était cela le totalitarisme.

M. G.

2 commentaires:

Anonyme a dit…

Chère Ménie Grégoire,
Je ne suis pas sur d'avoir tout compris (je suis même sur que non), mais j'ai l'impression que c'est pas très optimiste tout ça. Let the sunshine in !

Anonyme a dit…

http://www.5-yearslater.com/index.php/2006/11/09/415-le-con-de-la-semaine